Vers une transition énergétique juste en Tunisie... Comment démocratiser l'énergie et construire un nouveau modèle qui dépasse l'approche actuelle d'exploitation des énergies renouvelables

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La présente étude sur l’état du secteur de l’énergie en Tunisie (y compris les énergies renouvelables), est basée sur l’idée centrale que l’énergie n’est pas une marchandise rentable, mais un droit. L’étude précise que l’accès à l’énergie et sa production sont des questions essentiellement politiques et non pas purement techniques. Partant du point de vue d’une justice redistributive, elle tente de répondre à des questions telles que : Qui possède quoi ? Qui fait quoi ? Qui obtient quoi ? Qui gagne et qui perd ? A qui profite le bien public collectif?

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Sobre vers une transition énergétique juste en tunisie...

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Autores

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Ilyes Ben Ammar

Introduction

Pourquoi avons - nous besoin de ce document aujourd’hui et dans cette situation précisément ? qu’est - ce que nous espérons qu’il ajoute à notre réalité ? Telles sont les questions qui ont interpellé le Groupe de travail pour la démocratie énergétique dès qu’il a commencé à préparer cette étude. La nécessité d’y répondre a été la motivation et le catalyseur pour aller de l’avant, la rédiger et accélérer sa diffusion au public.

La prédominance d’un discours unidimensionnel au sein du système énergétique en Tunisie et la perception de ce domaine comme un cercle fermé réservé à ceux qu’on qualifie de «experts» donne à ce document toute son actualité en tant que support d’une alternative formulée à partir de la matrice même du mouvement social et syndical contre le discours dominant. Alors que la plupart des études, recherches et autres articles abordent la question des énergies renouvelables en Tunisie sous les seuls angles lucratif et technique - pour servir la «faisabilité» financière - notre étude se place sous l’angle de la démocratie énergétique, de la souveraineté sur les ressources et du droit à un développement durable.

Dans le discours dominant et officiel, les questions environnementales pressantes liées au changement climatique ont été utilisées comme prétexte pour justifier le processus d’élimination du secteur public du domaine de l’énergie. Quant au principal message que le système véhicule et que l’opinion publique reçoit, il porte sur le danger du déficit énergétique et la nécessité de le surmonter en optant pour les exportations et leurs revenus en devises. C’est sur ce propos (ce leurre) que reposent tous les discours appelant à libérer et à la libéraliser l’énergie, en particulier l’énergie électrique. Après le déclenchement de la guerre russo - ukrainienne, et sous la pression des bailleurs de fonds européens et étrangers en général, on a observé en Tunisie une nette accélération du rythme de mise en œuvre des diktats dans le secteur de l’énergie.

La crise énergétique en Tunisie est l’une des manifestations de la crise du système économique dans son ensemble. Car elle n’est pas tant le résultat d’un manque de ressources ou de la faiblesse du secteur public, mais celui d’une dérive aveugle vers le modèle du libre échange sans réflexion aucune sur les équations sociales, environnementales et économiques et sans le moindre souci de la priorité à accorder aux besoins locaux ni à la souveraineté énergétique, puisqu’on est face aux illusions des investissements étrangers et des exportations.

Cet article sera avant tout un point de départ pour réfléchir et une base pour lutter, afin de réaliser une transition énergétique en Tunisie et de concevoir des politiques énergétiques alternatives basées sur les impératifs suivants :

  • Réhabiliter l’énergie en tant que service public et l’accès à son utilisation en tant que droit,

  • Répondre aux exigences de la crise environnementale et de la crise climatique,

  • Rompre avec le modèle actuel de l’exploitation de l’énergie en faveur d’un modèle socialement équitable et écologiquement durable.

Rassembler le maximum de capacités et de compétences autour de cette idée et pousser à sa réalisation sur le terrain est une mission fondamentale, nous souhaitons que cette étude y contribue fortement dès sa publication. Notre objectif est de convaincre l’opinion publique et de la changer afin qu’elle ait une interaction critique sur les questions d’actualité comme celles que nous traitons ici.

Le document traite de trois axes principaux : Le premier porte sur le contexte mondial de la transition énergétique, qui repose essentiellement sur le passage des énergies fossiles aux énergies renouvelables. Les raisons qui motivent ce changement, bien éloignées de ce que l’on trouve dans le discours dominant, ont été exposées et nous les avons appuyées par des chiffres et des données objectives. Le document aborde également le phénomène qui caractérise particulièrement les pays du Nord, à savoir l’investissement dans les énergies renouvelables.

Le deuxième axe traite du cas tunisien, il présente la réalité de la production de l’électricité et explique le passage par la suite au mode d’exploitation des énergies renouvelables, basé principalement sur l’exclusion du secteur public et l’ouverture de la voie au secteur privé, en révélant aussi les mécanismes de renforcement de ce mode et les acteurs qui y contribuent.

C’est là que réside l’essentiel de la controverse, car la propagande gouvernementale considère que ceux qui rejettent ce mode d’exploitation sont forcément contre les énergies renouvelables peu coûteuses. Par ces affabulations et duperies, elle tente en vérité d’occulter ce que les projets d’énergies renouvelables privatisés en Tunisie dissimulent comme positions rentières, privilèges et autres incitations, ainsi que les effets négatifs qu’ils peuvent causer à l’ensemble de la communauté nationale. Ces affirmations s’appuient sur des données et études produites par le système capitalistique lui - même, et sont autant d’armes pour combattre ce système. Elles sont aussi porteuses de discours alternatifs sur les énergies renouvelables en Tunisie.

Le Groupe de travail pour la démocratie énergétique a été créé au sein de l’action syndicale et s’est élargi par la suite pour inclure des activités civiles progressistes qui produisent un discours englobant celui syndical en le développent en y introduisant des cadres de lutte plus larges et des dynamiques non conventionnelles pour traiter cette question. C’est exactement ce qui est exposé dans le troisième axe relatif aux alternatives. Celui - ci présente les caractéristiques du modèle actuel et avance un ensemble d’idées et de visions à même d’implanter un nouveau modèle pour réaliser une réelle transition énergétique juste.

La transition énergétique souhaitée peut sembler lointaine, mais il faut bien franchir le premier pas pour y parvenir. Les rapports de force sont disproportionnés et le poids des tromperies, mensonges et autres discours de la propagande néolibérale est si lourd, qu’il ne reste à tous ceux qui appellent à un monde alternatif que l’unité et la résistance pour s’allier de nouveaux partisans et équilibrer les rapports de force. Nous n’avons rien à perdre que nos chaînes, en revanche nous avons un nouveau monde à gagner.

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