Le capitalisme devoye et la financiarisation des terres et de la nature

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Le présent document de discussion entend servir de base aux mouvements populaires, militant-e-s de la base et autres organisations de la société civile (OSC) pour les aider à développer/ renforcer leurs connaissances sur le processus de « financiarisation », dans le but d’élaborer des stratégies résister, inverser et prévenir. Il a été développé par les membres du Groupe de travail Terres et Territoire du Comité international de planification pour la souveraineté alimentaire (CIP), qui a identifié la financiarisation des terres et de la nature comme l’un des défis communs et stratégiques que rencontrent leurs organisations membres.

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Ce document se base sur l’expérience et l’analyse des organisations membres du Groupe de travail Terres et Territoire du CIP et vise à stimuler une réflexion et une discussion collectives entre toutes les organisations intéressées sur la manière dont il est possible de s’opposer au pouvoir, à l’influence et au contrôle croissants de la finance mondiale sur nos territoires. Plutôt que de mener une réflexion théorique ou de conduire une analyse approfondie de tous les aspects de la financiarisation, ce document entend aider les organisations de base à comprendre ce processus et ses implications pour les individus et les communautés à travers la planète. Ce document fait la lumière sur les différentes formes que prend le capitalisme financier sur les territoires des communautés, ainsi que sur les acteurs, les lieux, les institutions et les politiques qui impulsent cette évolution. Les différents chapitres et le document en soi concluent par une série de questions en mesure d’orienter une réflexion et une discussion plus poussées.

Nous pensons qu’il est essentiel pour nos luttes pour la souveraineté alimentaire et la souveraineté des peuples de comprendre ces nouvelles dynamiques et les mécanismes en jeu. Les communautés et les personnes du monde entier sont directement touchées par la financiarisation. Les impacts violents sont visibles, mais nous devons surtout comprendre les facteurs sous-jacents afin d’être efficaces dans nos luttes. Nous espérons donc que ce document servira de point de départ à une réflexion tournée vers l’action, nous permettant de continuer à développer notre vision politique et d’affiner nos stratégies et nos modes d’organisation, dans le but de stopper et de faire reculer la privatisation et la marchandisation de la nature et de la vie.

Le processus d’élaboration de ce document a été achevé avant que la pandémie COVID-19 ne se propage dans le monde entier au début de 2020. Cette pandémie a exposé les conséquences dévastatrices du capitalisme contemporain. L’accaparement des ressources et la destruction des écosystèmes ont créé les conditions nécessaires à l’émergence de nouveaux agents pathogènes. Dans le même temps, la financiarisation des systèmes de santé et d’autres services publics a réduit la capacité des sociétés à réagir à la propagation du nouveau Coronavirus, créant une profonde crise sanitaire. Partout dans le monde, les personnes et les communautés qui ont été dépossédées et marginalisées au cours des dernières décennies ont été particulièrement touchées par la pandémie.

COVID-19 a également aggravé la crise du capitalisme néolibéral. Les fermetures qui ont été imposées par un grand nombre de gouvernements ainsi que l’arrêt brutal de nombreuses activités économiques ont temporairement donné l’impression que le capitalisme avait été suspendu. Les marchés financiers ont plongé au début de la pandémie, ce qui a incité les gouvernements à intervenir pour les stabiliser. Le monde est entré dans une récession mondiale, qui aura de graves répercussions sur les populations et les communautés rurales et urbaines du monde entier. En réaction, les gouvernements ont mis en place des plans de sauvetage, faisant craindre que les grandes entreprises et la finance mondiale ne soient à nouveau sauvées et renflouées avec l’argent des contribuables, comme cela s’est produit lors de la crise financière mondiale de 2008/2009. En effet, quelques mois après le début de cette nouvelle crise, les marchés boursiers sont déjà revenus à leurs niveaux d’avant la crise.

S’il existe un risque réel que cette nouvelle crise renforce encore le pouvoir des grandes entreprises et de la finance mondiale et accroisse les inégalités existantes, la manière dont la pandémie a mis en évidence les profondes failles du système actuel peut également être l’occasion d’avancer vers un réel changement. En ce sens, ce document est également une contribution à un débat sur les points d’entrée les plus stratégiques pour façonner le monde post-COVID-19 d’une manière qui place les personnes et les communautés ainsi que leurs droits au centre.